Portrait de la transition: «Changer sa mobilité, c’est revoir son rapport au temps»
Pour ses déplacements au quotidien, Sarah Thouvenin cherche le plus possible à se passer de l’automobile. «La mobilité, c’est le secteur le plus difficile à changer quand on est dans une démarche de transition écologique, estime l’Echandelière. Il faut tenir compte d’une dimension sociétale: dans une journée, on a tant de tâches à effectuer et tant de temps pour se déplacer. S’il n’y a pas d’encouragement externe, il est difficile de faire autrement que de se rendre partout en voiture. Changer sa mobilité, c’est revoir son rapport au temps.»
En emménageant à Echandens avec sa famille en 2022, cette physiothérapeute a voulu vivre dans un cadre plus rural, avec moins de trafic et plus d’espace pour que leurs enfants puissent jouer à l’extérieur. La question de la mobilité s’est alors posée. «Plutôt que d’acheter une deuxième voiture, nous avons investi dans des vélos électriques ainsi qu’un vélo cargo, pour emmener les enfants à l’école ou à la crèche.» Côté professionnel, elle a préféré installer son cabinet à Morges plutôt qu’à Crissier, afin de pouvoir s’y rendre plus facilement et en toute sécurité à vélo ou en transports publics.
Pour la jeune maman, le déclic a eu lieu en voyant le film «Demain» en 2015. Ce long-métrage français, réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent, montre des initiatives enthousiasmantes face aux défis environnementaux et sociaux actuels. Il a provoqué une profonde prise de conscience. «Notre but n’est pas d’être parfaits, explique Sarah Thouvenin, mais de donner de la valeur aux choses.» Ainsi, la famille n’a plus pris l’avion depuis 2018. «Avant, nous allions rendre visite à la famille de mon mari à Paris en avion, désormais, c’est en TGV, même si je suis effarée par le prix des billets. Ces trajets de trois-quatre heures, c’est du temps de qualité que nous partageons avec nos enfants. Nous prévoyons des activités, nous sommes pleinement avec eux.» Une façon de voyager qui permet de découvrir d’autres choses. «Le trajet compte aussi, ce n’est pas juste un moyen d’arriver sur place.» Une philosophie qu’elle tente aussi de partager avec ses élèves en physiothérapie à la Haute Ecole de Santé Vaud, en «plantant des graines», mais aussi avec ses proches. «On est catégorisés comme étant les bobos de la famille. On ne cherche pas à convaincre les gens, mais on relève les incohérences.»
Elle constate qu’à Echandens, des choses se mettent en place pour encourager la mobilité douce, à commencer par l’installation de supports de stationnement pour vélos à plusieurs endroits dans le village. Mais malgré cette évolution, visible aussi bien dans le secteur public que privé, parfois, des détails clochent. «Il arrive que l’espace réservé aux deux-roues non motorisés soit sous-dimensionné, les racks trop étroits ou encore suspendus. On oublie que les vélos électriques sont lourds et qu’on ne peut pas les soulever et les déplacer comme des vélos classiques.»
Concernant la voiture, elle estime qu’elle joue un rôle «d’accélérateur» dans notre société «pour faire plus de choses dans la journée.» Mais la physiothérapeute est persuadée que multiplier les activités ne signifie pas pour autant gagner en qualité de vie. «En voiture, dans les bouchons, je suis souvent tendue. Alors que dans les transports en public, j’ai des interactions avec les autres passagers ou je lis. Au final, j’ai croisé plus de monde et vu plus de choses au cours ma journée.» Quant au vélo, elle relève le double bénéfice de la pratique, à la fois pour l’environnement et la santé, physique aussi bien que mentale. «Peu importe l’âge auquel on s’y met, le vélo fait partie des activités qui maintiennent en santé. Là, c’est la physio qui parle», sourit Sarah Thouvenin.
Vous êtes aussi sur le chemin de la transition écologique et vous aimeriez partager votre vécu dans une prochaine publication? Envoyez un message à commune@echandens.ch. (Le témoignage se fait sur la base d’un entretien avec un texte soumis pour validation. Il peut être publié de manière anonyme).