Les défis de la forêt d'Echandens

‍De quels arbres est constituée la forêt d’Echandens?

Il s’agit d’une forêt de feuillus avec une grande variété d’essences. On y trouve principalement des hêtres, des frênes, des chênes et des érables. 

À quoi ressemble la journée normale d’une garde-forestière?

C’est très saisonnier et notre travail a beaucoup changé ces dernières années. Auparavant, les coupes de bois se faisaient en hiver, le printemps était consacré au plantage, l’été aux soins des cultures et enfin le martelage, pratique qui consiste à désigner, au marteau ou à la peinture, les arbres à récolter, se faisait en automne. Avec les changements climatiques, beaucoup d’arbres dépérissent, par conséquent, la période de coupe ne termine jamais. 

Qu’est-ce que ça implique?

Nous devons faire beaucoup de surveillance des arbres. Nous passons notre temps à arpenter la forêt et surveiller les arbres, leurs couronnes, les troncs. Prenons par exemple le bostryche, un coléoptère qui attaque les arbres en creusant des galeries dans le tronc des épicéas. Ces insectes hivernent dans le bois ou le sol forestier et se réactivent dès que la température atteint 10-12 degrés. Les bostryches des arbres se «réveillent» plus tôt que ceux des sols, ce qui signifie que nous devons tourner plus souvent pour évaluer les dégâts.

Les conditions climatiques ont aussi d’autres conséquences?

Le dépérissement du frêne est préoccupant en raison des infections fongiques appelée chalarose qui affaiblissent les racines et compromettent la stabilité des arbres. Les hêtres montrent également des signes de dépérissement, liés aux épisodes de sécheresse passés, à l'exposition soudaine au soleil, ce qui leur provoque des coups de soleil, et aux attaques de champignons. Ces phénomènes représentent un risque pour la sécurité et demandent une exploitation préventive.

Cela signifie qu’il est parfois dangereux de se promener en forêt?

La forêt est un milieu naturel, il est important de la comprendre et la connaître avant de s’y rendre. Contrairement à un parc urbain où les arbres sont systématiquement entretenus et surveillés, en forêt il y a effectivement des risques de chutes de branches et d’arbres suite à des épisodes de grand vent ou de fortes pluies.

Quelles interactions avez-vous avec les personnes que vous croisez en forêt?

On discute beaucoup. On me demande souvent pourquoi on laisse autant de bois mort, de «déchets» d’arbres sur le sol forestier, Certaines personnes y voient parfois un signe de négligence ou un manque d’entretien, mais il s’agit en réalité d’une pratique réfléchie pour les cycles de vie. Cela compose une couche d’isolation qui permet de lutter contre l’évaporation et la sécheresse. Par ailleurs, en se décomposant, ce bois mort constitue des nutriments naturels pour la forêt.

Les attaques et infestations ont-elles un impact sur la qualité du bois?

On essaie d’utiliser tout le bois possible, à moins que la structure du bois soit trop affecté. Le bois qui a subi des attaques de bostryche est cependant venu moins cher. Le bois issu des forêts d’Echandens est vendu soit comme bois de sciage, destiné à être découpé en planches pour faire du parquet, des meubles, etc., soit en bois de feu. Dans les résineux, 80% du bois peut être utilisé en bois de sciage, tandis que dans les feuillus, c’est 30%. 

Comment choisissez-vous un arbre à couper? 

Aujourd’hui, on ne les choisit plus vraiment, on court après les arbres qui sèchent ou les chablis (réd.: arbre renversé, cassé, mort sur pied ou fortement dépérissant). En 2024, ils représentaient 120 m3. 

Quelle est votre vision pour l’avenir dans ces conditions?

La forêt change! L'érable, le chêne, le tilleul, le douglas et le pin se portent bien. De plus, sous les peuplements touchés par le dépérissement, un rajeunissement naturel est déjà visible, assurant le renouvellement de la forêt. Une gestion adaptée et prévoyante reste essentielle pour préserver nos forêts et assurer leur avenir.

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