Les arbres sensibles au changements climatiques
Le Cedrus libani, grand cèdre emblématique du Liban, est un arbre majestueux qui embellit les lieux dans lesquels il se trouve. Souvent situé dans les grands jardins auxquels il confère un cachet unique, cet arbre légendaire couvrait autrefois la majeure partie du territoire libanais. Il n’est aujourd'hui présent plus que dans quelques stations épargnées par les activités humaines et le changement climatique. Il représente une figure importante du paysage arboré de la commune et a pris longtemps une place centrale dans la configuration du parc du Château.
Le cèdre situé au croisement de la Petite Forge et de la Rue du Château aurait été planté par Maurice Redard aux alentours de 1850, lors de l’acquisition du Château. Il était commun pour les amateurs de botanique de l’époque de choisir le Cedrus libani pour orner les grands parcs. C’était toutefois sans compter que le changement climatique, impliquant de fortes sécheresses, signerait la fin presque certaine de cet arbre de légende. Et cette année, un constat se dessine peu à peu, la sécheresse actuelle serait la pire que l’Europe ait connue depuis au moins 500 ans. Une des conséquences de ce manque d’eau est le dépérissement des végétaux.
Le parc du Château n’aura malheureusement pas été épargné et sur les trois cèdres que compte le parc, ce grand cèdre n’aura pas survécu et les deux autres se trouvent dans un état préoccupant. C’est après un constat de mort de l’arbre que l’abattage a été réalisé le 29 août dernier. Si la sècheresse crée un stress élevé qui affaiblit l’arbre, sa mort a probablement été accélérée par une infection fongique supposée de l’armillaire (Armillaria mellea et Coniophora) et/ou un dépérissement des aiguilles d’un pathogène du genre Neocatenulostroma.
Après les résultats d’une expertise confirmant la mort de l’arbre, la Municipalité a dû se résoudre à engager l’abattage de cet arbre majestueux afin de garantir la sécurité des habitants. Malheureusement, les cas des cèdres du Château ne sont pas isolés, et, selon l’expert Fred Hunziker, les demandes d’abattage de cette essence sont de plus en plus nombreuses. Le réchauffement climatique ainsi que les sécheresses à répétition contribueront grandement dans les années à venir à la survenue de ce genre de cas et il faut s’attendre à des dépérissements accélérés de nos arbres.
En observant les forêts et l’arborisation de la région, en particulier du Jura, on constate que de nombreux arbres périssent. Ces arbres souvent âgés de plusieurs décennies ne seront pas remplacés immédiatement par la relève qui prendra du temps à croître. Il faut donc s’attendre à un changement de nos paysages et à une certaine perte de nos arbres. Pour nos arbres du parc du Château, des mesures proactives sont mises en place, telle que l’aménagement d’un paillis de bois raméal fragmenté au pied des arbres et des interventions de coupes limitées au strict minimum. Néanmoins il n’est pas certain que ces mesures puissent compenser le stress causé aux arbres les plus sensibles au changement climatique.