Portrait de la transition: Mayya Racle Le choix du local et de saison, avec toujours l’humain au centre

Mis à jour le
30/6/24

C’est un peu sur un malentendu que Mayya Racle et sa familleont emménagé à Echandens. «À l’époque, une de mes clientes m’a entendu dire quej’avais toujours voulu avoir une maison et elle vendait la sienne au mêmemoment. Elle a pris mon souhait comme une demande et nous sommes tombés sous lecharme de cette maison.»

 

Un hasard qui fait bien les choses, car Mayya estime vivre dans un «village enchanté», entre château, jardins fleuris, haies de hortensias.«Quand je suis arrivée en Suisse, mes études en science de la communication effectuées en Bolivie n’étaient pas reconnues, j’ai donc repris des études à l’université ici et j’ai ensuite travaillé dans l’industrie des cosmétiques de luxe. Au début, j’avais des étoiles plein les yeux.» Avec l'emménagement à Echandens est aussi apparu un profond malaise entre les valeurs de la mère de deux enfants et son activité. «J’ai commencé à regarder plus attentivement les compositions des crèmes. Certains ingrédients étaient nocifs pour la santé alors que les prix de vente de ces produits étaient très élevés.» Toujours très entière dans ses choix, Mayya Racle décide de quitter son travail. «J’estime qu’on est responsable de ce qu’on vend et là, le cœur n’y était plus.»

 

Puis, en 2018, un gros événement vient la bouleverser: la forêt amazonienne, dans laquelle elle a passé beaucoup de temps enfants, parten fumée. «Mon pays s’étouffait dans la fumée, et on ne faisait rien, explique-t-elle, la gorge nouée. L’Amazonie est un des plus beaux souvenirs de ma vie: je rêve que mes enfants puissent voir cette forêt luxuriante, ses couleurs, ses animaux. Or la voir brûler ainsi, j’en ai pleuré toutes les larmes de mon corps.»

 

Quand elle cherche les raisons de ce gigantesque incendie, elle découvre qu’elles sont liées aux activités humaines. «Il faut plus de terrains cultivables pour produire du soja, de l’huile de palme.» Une exploitation qui signifie la destruction la forêt et le déplacement de populations autochtones. Une prise de conscience qui brise le cœur de Mayya Racle, habitée par de profondes valeurs chrétiennes, pour elle, l’humain passe avant tout. Elle réalise alors qu’elle doit revoir son mode de consommation.Elle commence par faire un gros tri dans ses affaires et trouve des vêtementstrès peu portés, certains encore avec leurs étiquettes de prix. Elle réalise l’impact de la fast fashion, son coût humain, les travailleurs réduits en esclavage.

 

Puis, c’est sa nourriture qu’elle passe au peigne fin et prend conscience de la quantité d’emballages en plastique qui remplissent sa poubelle. Elle suit alors les principes du zéro déchet et effectue ses achats dans les fermes et producteurs de la région. Pour sa maison, elle remplace les produits de nettoyage par du savons de Marseille, du vinaigre blanc et du bicarbonate de soude. «J’ai constaté que mes vêtements me piquaient moins qu’avec la lessive industrielle et que toute la famille allait mieux.» Ses rencontres avec les producteurs locaux lui font découvrir des personnes engagées, disponibles, proches et humaines, des savoir-faire. Une révélation.

 

C’est avec ces mêmes valeurs que Mayya Racle créée son entreprise, «La Belle Fée Maison». «En Bolivie, nous fêtons les anniversaires avec de beaux et gros gâteaux», or en Suisse, elle ne trouve rien de la sorte.Elle décide alors de les confectionner elle-même. D’abord pour sa famille et ses proches. Puis de fil en aiguille, elle attire de nouveaux clients, se forme dans le cake design, en France et en Espagne et se spécialise dans la production de gâteaux de mariage. Très attentive à la quantité de déchets qu’elle produit, elle privilégie les torchons lavables au papier ménage, n’utilise pas de gants «qui ne sont pas gage d’hygiène» ou de poches à douille à usage unique, mais reconnaît qu’elle n’a parfois pas d’autre choix que de se rabattre sur le film plastique ou le papier alu, pour des raisons de normes alimentaires. Elle fait également le choix de n’utiliser que des ingrédients locaux, de saison, produits dans de bonnes conditions pour les travailleurs.Ainsi elle a renoncé à certains fruits exotiques tant qu’elle n’aura pas trouvé une alternative qui la satisfasse.

 

Ses clients sont-ils sensibles à cette démarche? «Certains oui, d’autres non, mon travail, c’est aussi de faire de la sensibilisation surle sujet, car beaucoup de personnes ne voient que la pointe de l’iceberg.» Mayya Racle est consciente que ses choix ont un impact sur le prix de ses créations. «Les gens ne se rendent pas toujours compte que le pas cher n’intègre pas le coût humain.» Elle cite ainsi l’exemple du chocolat «son best-seller», mais dont la culture est une catastrophe sur le plan environnemental et humain. Mayya Racle est alors toujours en quête de solutions qui correspondent avec ses valeurs, même si cela signifie se priver parfois de certains clients. «Le marché est suffisamment grand, ils peuvent trouver d’autres prestataires.» Mais pas question pour autant de faire des compromis sur le goût.

 

Vous êtes aussi sur le chemin de la transition écologique et vous aimeriez partager votre vécu dans une prochaine publication? Envoyez un message à commune@echandens.ch. (Le témoignage se fait sur la base d’un entretien avec un texte soumis pour validation. Il peut être publié de manière anonyme)

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